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Un symbole vivant de révolution, d'identité et de résistance : notre drapeau

Les opinions exprimées dans cet article sont basées sur les discussions hebdomadaires des membres du Comité des ressources Haïtiano-Américaines, un groupe de réflexion haïtien. 

le comité HAMREC a engagé une discussion animée sur le drapeau haïtien. Sa riche histoire témoigne de l'imbrication de nos idées, de nos croyances et de notre énergie émotionnelle communes dans ce morceau de tissu bicolore. Le drapeau n'est pas un simple symbole ; il représente un égrégore, entouré de mystère.

Les circonstances dans lesquelles nous avons hérité du drapeau sont uniques, de l'ancrage d'une jeune nation au conte populaire de la mèche de cheveux de Catherine Flon, notre matriarche nationale, qui a cousu les premières couleurs ensemble. Elle est honorée de diverses manières, renforçant sa place dans la mémoire collective d'Haïti. Cependant, le nom de Flon semble n'avoir jamais été entendu ni revu dans les archives haïtiennes. Il y a vingt ans, Nekita Lamour, une éducatrice haïtienne vivant à Boston, a écrit un essai qui a semé le doute sur sa présence pendant la révolution.

Dans les cercles haïtiens et les débats historiques entre Haïtiens, la couleur originale du drapeau a toujours été un sujet de controverse. Les couleurs d'origine étaient le rouge et le bleu en 1803, lors de sa première conceptualisation. Il est ensuite devenu noir et rouge sous l'empire du père fondateur de la nation, Jean-Jacques Dessalines, vénéré comme l'un de nos ancêtres les plus marquants. En 1803, pendant la Révolution haïtienne, le drapeau original qui a émergé était un bicolore horizontal bleu et rouge. Il est né lorsque Jean-Jacques Dessalines a arraché la bande blanche du drapeau tricolore français, déclarant : « Nous avons rejeté le blanc des oppresseurs ; unissons-nous comme des frères sous le rouge et le bleu !» (Girard, 2010, p. 142).

La force du changement de couleur n'est pas seulement politique ; il s'agissait d'une forme rituelle de rejet de l'ancien et de son remplacement par le nouveau. Résonnant dans l'esprit des habitants de cette jeune nation, le drapeau alimente une économie de nostalgie et de nationalisme, même si Haïti est confronté à des difficultés.

Dans de nombreuses régions des États-Unis et du Canada, les rues débordent d'énergie avant le Jour du Drapeau. Des voitures ornées de drapeaux géants défilent devant les fêtes de quartier ; de nombreux festivals sont organisés pour célébrer l'événement. C'est une forme rare d'expression du patriotisme.

Le drapeau haïtien sert de toile de fond aux célébrations, unissant les gens dans la joie malgré les difficultés. Pendant quelques jours, le désespoir politique s'estompe sous une musique entraînante et des drapeaux flottants, prouvant que les Haïtiens refusent de laisser la crise anéantir leur culture. Pourtant, sous ces réjouissances se cachent des tensions : si certains considèrent ces fêtes comme résilientes, d'autres critiquent la commercialisation d'un symbole né de la révolution. Pourtant, qu'il s'agisse de protestations ou de célébrations, le drapeau reste le cœur battant d'Haïti.

Les Haïtiens ont un amour profond pour la danse qui remonte à leurs ancêtres africains, profondément ancré dans leur histoire et leur culture. L'énergie et le sentiment d'unité générés par les foules nombreuses sont attrayants. La culture haïtienne est centrée sur la transe, la musique et la danse rythmée, et le partage de la joie est une tradition essentielle. Pourtant, cet esprit de fête n'est pas exclusif à Haïti ; c'est un trait humain fondamental, né de notre profond besoin de connexion avec les autres. Pendant ces brèves heures de danse de rue, les Haïtiens mettent de côté leurs soucis et s'immergent dans le rythme et la communauté.

Le drapeau haïtien est bien plus qu'un simple souvenir. L'ère post-Duvalier a vu sa commercialisation. Aujourd'hui, les Haïtiens continuent d'utiliser le drapeau et ses couleurs comme outils marketing pour leurs entreprises et leurs logos. Il n'existe pratiquement aucun site web haïtien qui ne soit orné de rouge et de bleu, mettant en avant un monument historique ou présentant ses produits. Les vendeurs misent sur la fierté patriotique, notamment à l'approche du 18 mai. Ils proposent des produits allant des t-shirts et casquettes aux autocollants pour voitures et décorations d'intérieur, tous bleus et rouges. Même en temps de crise, les entrepreneurs persistent à commercialiser des produits dérivés du drapeau, transformant le deuil et la résistance en commerce.

L'ancien président Michel Martelly a ouvertement annoncé un défilé sur TikTok où il se produira. Pourtant, sa réputation a sans aucun doute souffert de la mauvaise gestion du fonds Petro Karibe. Profiter des performances et des activités de la Journée du drapeau montre comment certains politiciens et organisations exploitent l'attrait émotionnel du drapeau. Nous exhortons nos concitoyens à boycotter l'événement et à envoyer un message fort de fierté à ceux qui continuent de nuire à notre pays et de ternir notre image.

La crise actuelle, marquée par la violence des gangs et l'instabilité politique, n'a pas entaché l'esprit de Bois Caïman. Les Haïtiens n'ont rien à quoi s'accrocher, sinon ce morceau de tissu qu'ils portent fièrement partout où ils vont. Il est devenu un bouclier de guerre. Les artistes qui ont percé sur la scène internationale ne cessent de porter haut et fièrement le drapeau.

À ce tournant de l'histoire, nous maintenons le bleu et le rouge. Nous rejetons les va-et-vient constants pour changer nos couleurs. Concentrons-nous sur les aspects les plus cruciaux de notre société. Unissons-nous pour faire d'Haïti un modèle de liberté, de dignité et de respect dans le monde entier.

Équipe HAMREC

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